Il faut remettre vos bottes, monsieur Couillard
La MRC de Memphrémagog vient d’adopter un règlement qui permettra à North Hatley le développement d’une zone inondable de grand courant (0-20 ans); seulement 4 semaines après le désastre qui a frappé 261 municipalités du Québec. Faut-il s’en surprendre? Non.
Au plus fort de la crise, monsieur Couillard, bottes aux pieds, ne pouvait envisager, par respect humain, de déraciner les gens de leur quartier. Il a débloqué des centaines de millions. Fort bien. Nous sommes solidaires, collectivement responsables des erreurs du passé. Mais le premier ministre n’a-t-il pas déclaré du même souffle qu’on profiterait de cette leçon pour remettre en question toute construction en zone inondable?
Faut-il blâmer la MRC d’aller de l’avant? Non. La MRC joue son rôle de MRC. Les maires vous diront que 5 ministères ont étudié le dossier. Aucun d’eux ne se sent le droit de priver North Hatley de cette opportunité. Ils ajouteront que North Hatley a le choix. Ils ont raison.
Est-ce que North Hatley continuera? Certainement. La MRC lui donne le droit d’agir. Elle joue son rôle de municipalité. Elle a cruellement besoin de revenus.
Alors on blâmera le promoteur. Impensable dira-t-on, qu’il veuille construire. On aura tort. Le promoteur joue son rôle de promoteur. Depuis 5 ans, on lui dit que c’est possible à coup de dizaines de rapport d’experts. Il a investi. Il y croit. S’il faut trouver un coupable, ce n’est pas lui.
Alors qui? Qui sera imputable quand, dans 5 ou 10 ans, il faudra trouver des millions par solidarité ?
Le dossier de North Hatley est fondé sur l’article 5.3 de la Politique de protection des rives, du littoral et des plaines inondables. Pour atteindre la densité urbaine de 75% qu’elle exige, on exclut, comme par magie, parcs et stationnements. On permettra ainsi 200 nouvelles résidences en zone inondable dans une municipalité dont la population permanente n’atteint pas 700.
Le cas de North Hatley n’est qu’un exemple. Toutes les administrations municipales sont aujourd’hui prises dans l’étau du développement économique; elles croient sincèrement devoir continuer.
L’avenir des zones inondables n’appartient ni à North Hatley ni à la MRC de Memphrémagog. C’est à vous, monsieur le premier ministre, qu’il appartient de remettre vos bottes pour déposer un moratoire et démontrer que, de cette réflexion annoncée pour l’automne, découlera un véritable projet de société.
Michel Clairoux, président, Bleu Massawippi; Robert Benoit, président, Memphrémagog Conservation Inc.
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