COP15 – Actions locales

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Bonne année à tous et un grand merci à Brian et à l’équipe de FANHCA

Ce message fait suite à l’excellent article de Brian sur la COP15, dans lequel il nous exhorte à agir à North Hatley, tout en pensant globalement. Je suis tout à fait d’accord pour dire que prendre soin de notre environnement naturel est la clé de notre avenir. Nous devons apprendre à concevoir avec la Nature, à la traiter comme notre alliée, et non comme une entité que nous pouvons maltraiter ou contrôler. Les incendies, les inondations, les tornades et les sécheresses catastrophiques deviennent des événements courants. Ce sont des signes indéniables du changement climatique et, à moins que nous ne modifiions sensiblement notre relation avec la Nature, ils risquent de se produire de plus en plus fréquemment. Je reviendrai brièvement sur ces questions en concluant ce texte.

Mais d’abord, j’aimerais me concentrer sur deux de nos plus importants atouts naturels, notre lac et notre rivière qui, après tout, ont attiré et attirent encore des gens à vivre ici. Nous devons nous rappeler que nous sommes les gardiens des magnifiques paysages qui nous entourent, nous ne les possédons pas. Nous ne sommes ici que pour une courte période. Notre travail consiste à transmettre ces cadeaux aux générations futures sans les altérer ou en les améliorant en certains cas, lorsque nous pouvons réparer des erreurs commises dans le passé ou encore maintenant. 

Nous savons tous que la qualité du lac Massawippi s’est détériorée au cours des dernières décennies. Nous avons assisté à la croissance exponentielle du myriophylle, à la prolifération récurrente des algues bleues au cœur de l’été et, plus récemment, à la découverte inévitable de la moule zébrée. La navigation de plaisance excessive exacerbe certains de ces problèmes et devrait être abordée par les cinq municipalités qui partagent le lac, mais elle nécessitera également l’intervention d’autres niveaux de gouvernement. Cependant, nous pouvons et devons prendre d’autres mesures immédiates pour atténuer les dommages causés à ces précieuses ressources.   

Le Village a pris une mesure importante pour réduire la pollution du lac et de la rivière avec son initiative Écoroute d’hiver, réduisant de façon significative la quantité de résidus de sel qui pénètrent dans nos cours d’eau. La prochaine étape devrait être d’utiliser les règlements existants pour s’attaquer à d’autres sources importantes de pollution liées aux produits chimiques qui sont encore utilisés sur de nombreuses pelouses et jardins. L’utilisation d’herbicides et de pesticides, qui sont tous étiquetés comme dangereux pour la santé humaine, est un parfait exemple de lutte contre la Nature et a été interdite par le village en 2010. Malheureusement, ce règlement a été adopté sans aucune publicité ni suivi.

Le même règlement interdit les engrais chimiques puissants qui, entre autres, entraînent des niveaux excessifs de phosphore dans le lac et provoquent la prolifération d’algues bleues. L’agriculture non biologique constitue une part importante de ce problème et la production d’arbres de Noël est probablement le pire contrevenant, utilisant une panoplie de produits pour faire pousser « l’arbre parfait ». Ces activités échappent malheureusement à notre contrôle, mais nous devons faire pression pour obtenir des règles plus strictes. Cependant, l’utilisation domestique, souvent excessive, d’engrais chimiques ajoutent considérablement à la charge chimique imposée au lac et nous disposons ici des outils nécessaires pour faire face au problème.

Voici quelques mots d’explication sur les impacts environnementaux de ces divers produits chimiques. Si nous les utilisons dans nos efforts pour obtenir une pelouse « parfaite » ou un jardin sans parasites, nous causons beaucoup de dommages collatéraux. Un sol sain est plein de vie microbienne qui aide les plantes à pousser. Les agriculteurs et les jardiniers biologiques stimulent cette vie grâce à des amendements sains et utilisent d’autres méthodes pour maintenir les mauvaises herbes ou les parasites à un niveau acceptable. En revanche, les produits chimiques toxiques détruisent ces organismes, créant ainsi des sols sans vie, toujours plus dépendants des apports chimiques. Ils tuent également un grand nombre de pollinisateurs qui sont un élément essentiel de notre chaîne alimentaire ou détruisent les fleurs sauvages dont ils dépendent et ils empoisonnent les plus grandes créatures, entre autres les oiseaux et les poissons.

Il est grand temps que le Village prenne des mesures pour rappeler ces règles aux citoyens par le biais de bulletins d’information expliquant les conséquences négatives de l’utilisation de produits chimiques sur nos propriétés et promouvant des alternatives écologiques. 

Un autre règlement visant la santé du lac et de la rivière est l’obligation de maintenir ou de promouvoir une large bande de végétation le long de toutes les propriétés riveraines, une ouverture étroite étant autorisée pour atteindre le bord de l’eau. Cette zone tampon contribue à la santé du lac de plusieurs façons. L’un de ses rôles importants est d’absorber et d’empêcher les eaux de ruissellement nocives, provenant des propriétés et des routes, d’atteindre l’eau. Trop de propriétaires riverains de North Hatley ne tiennent pas compte de ce règlement et tondent leur pelouse jusqu’au bord de l’eau. Il convient de noter qu’Ayer’s Cliff a entrepris une enquête détaillée sur les propriétés riveraines en 2022, une étape importante visant à identifier des lacunes et d’assurer le respect de cette mesure.

Le Village devrait encourager le respect de ces règlements de plusieurs façons. D’abord il devrait expliquer au public l’objectif de ces lois et proposer des moyens de s’y conformer. De plus il pourrait dresser une liste d’entreprises d’entretien écologique des pelouses approuvées et, comme par le passé, offrir de petits arbres et arbustes appropriés pour végétaliser la bande riveraine (la zone tampon). Des mesures plus sévères devraient éventuellement être appliquées aux propriétaires qui ne se conforment toujours pas après des délais raisonnables.  

Bien entendu, les cours d’eau qui se jettent dans le lac doivent également être surveillés et les zones tampons doivent être restaurées ou protégées le long de leur cours. Bleu Massawippi devra peut-être intensifier ses tests sur les cours d’eau qui se jettent dans le lac et la rivière, afin de pouvoir prendre des mesures supplémentaires pour lutter contre les contaminants. Les cours d’eau qui se jettent dans le lac à partir du terrain de golf devraient être une priorité. Bien que je ne sache pas grand-chose des méthodes qu’ils utilisent pour garder leur terrain vert et sans pissenlits, je pense qu’ils pourraient tirer des leçons utiles du Waterloo Golf Club qui a réduit de plus de 90 % le niveau de phosphore dans ses étangs et ses cours d’eau au cours des dernières années. 

Par des actions locales, nous pouvons contribuer à la santé et à la durabilité mondiales. Il nous faut enfin reconnaître que nous faisons tous partie du problème et que nous devons nécessairement tous faire partie de la solution. De simples changements au niveau des ménages peuvent faire une différence. Bien que nous ne puissions pas inverser la plupart des changements environnementaux négatifs auxquels nous sommes confrontés de plus en plus fréquemment, nous pouvons néanmoins nous efforcer d’atténuer certaines des menaces pour la santé de la planète auxquelles les générations futures devront faire face. 

Chacun d’entre nous peut réduire son empreinte écologique de diverses manières. Nous pouvons, par exemple, baisser un peu le thermostat, étendre le linge à sécher, encourager la production alimentaire locale, réduire nos déchets ménagers, réparer au lieu de remplacer, conduire moins ou faire du covoiturage. Nous devons apprendre à prendre le temps d’évaluer minutieusement nos plans et nos activités à la lumière du bien commun, et pas seulement de ce qui est bon pour nous personnellement, ce qui peut exiger plus de temps et d’efforts que nous ne l’avons fait par le passé. 

Nous assistons à de plus en plus de catastrophes liées aux conditions météorologiques dans le monde, y compris la migration forcée de millions de réfugiés, fuyant la sécheresse, la famine et la montée des eaux. Nous ne pouvons pas simplement espérer ou prier pour un avenir meilleur, nous devons travailler dur pour cela. Nous ne pouvons pas attendre que les autres agissent, chacun d’entre nous peut trouver des moyens de contribuer à un changement positif. Nous avons beaucoup de chance de vivre sur cette belle planète, mais nous devons la traiter beaucoup mieux… il n’y a pas d’échappatoire et découvrir que d’autres formes de vie existent ailleurs dans l’Univers ne changera rien. Nous sommes ici pour rester… ou pour ne pas rester… cela dépend de nous. Si nous ne réparons pas les cicatrices maintenant, la Nature les réparera après notre disparition.

Michael Grayson

PS Le protocole de Montréal de 1987 a permis d’interdire l’utilisation des CFC dans le monde entier, aidant ainsi la couche d’ozone, si importante pour la planète, à se reconstituer sur une période de 30 ans. Cela permet d’espérer l’arrêt d’autres activités destructrices et la guérison éventuelle de cicatrices que l’homme a infligées à la planète. Mais nous devons garder à l’esprit que les défis auxquels nous sommes confrontés aujourd’hui sont beaucoup plus vastes et compliqués dans leur portée, et qu’ils doivent en grande partie être résolus par nous-mêmes, et non par les gouvernements ou par d’autres.

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One thought on “COP15 – Actions locales”

  1. Il semble que notre négligence à l’égard de la nature soit une question d’éducation et d’application des réglementations existantes, de comportement et de respect.

    Dans son texte, Michael Grayson parle d’intendance. Les adeptes de la Bible lisent que nous avons la domination sur la terre. Dans la lutte pour trouver une interprétation plus harmonieuse, le terme approprié serait « avoir l’intendance ». Mais demandez à un écologiste et on vous dira qu’en fait, les humains ne font partie d’aucun écosystème : nous ne dépendons pas des interactions avec d’autres espèces pour maintenir notre place sur la planète. La planète, en retour, pourrait tout aussi bien nous effacer de son visage et continuer à vivre sans nous.

    L’avidité – l’égoïsme – est l’un des principaux facteurs de dégradation de notre environnement. Notre besoin de construire de plus grandes granges – qui, lui aussi, a une métaphore biblique. Il y a quelques années, j’ai écrit un essai sur le rôle de l’église dans l’éducation de notre relation avec la terre. (Si cela vous intéresse, il a été publié ici, en anglais, au cours de l’été 2021 et se trouve à la page 5. La photo qui illustre l’essai est celle d’une fuite aux mines de Capelton à l’époque).

    L’une des réponses à mon essai est venue du révérend Steve Filyk, un ministre presbytérien qui parle de se réduire : « Je me demande si une partie du leadership que l’église doit prendre consiste à encourager nos congrégations à faire des choses plus petites. Des maisons plus petites, des véhicules plus petits, des garde-robes plus petites. Lorsque nous réduisons notre propre consommation, nous découvrons peut-être que nous avons plus à donner .. »

    Les lecteurs pourraient être intéressés par des conseils spirituels sur nos interactions avec la nature. Deux livres intéressants à considérer : Think Indigenous : Native American Spirituality for a Modern World de Doug Good Feather et Saving Us : A Climate Scientist’s Case for Hope and Healing in a Divided World de Katharine Hayhoe.

    Profitez du voyage mais, pour l’instant, contentons-nous d’obéir aux règles et de chercher à respecter la nature. David Attenborough dit aux enfants : « Ne gaspillez pas ! » Commençons par là.

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