Une comédie d’erreurs

(English follows)

Les quelque trente-cinq participants à la dernière réunion du conseil municipal à North Hatley, tenue le 6 août, ont assisté au spectacle des membres du conseil, du maire et du directeur municipal qui tentaient de défendre une résolution sur l’accès à la plage publique (ou ‘parc’, comme on semble la nommer maintenant – toute référence, même implicite, à la présence d’un lac semble avoir été bannie), une résolution qu’ils ne semblaient avoir ni tout à fait comprise ni rigoureusement définie. Ce qui n’a pas empêché les membres du conseil municipal de l’adopter à l’unanimité.

La résolution oblige à obtenir une carte électronique pour accéder à Pleasant View Park – à la pelouse, à la plage, aux quais, mais PAS à l’eau, car la baignade continuera à être interdite. On peut se demander quel problème ce nouveau système compliqué est censé régler, puisque l’accès à l’eau reste interdit.

Bien entendu, le Conseil sait bien que les gens vont se baigner, mais il espère pouvoir prétendre qu’il ne s’attend pas à cela – et ainsi se protéger de poursuites, si quelque chose de fâcheux se produit. Voilà, en bref, le but de toute cette charade – une charade qu’un juge trouvera certainement peu convaincante, à moins que la municipalité décide de faire respecter l’interdiction de se baigner. Mais il est peu probable que cela arrive, car des reportages décrivant l’arrestation de personnes âgées et de jeunes enfants, parce qu’ils se sont baignés dans le lac, ne constitueraient probablement pas le genre de publicité pour North Hatley que souhaiterait le conseil municipal.

Pour obtenir une carte, la résolution adoptée stipule que les ‘citoyens’ (c’est ainsi qu’elle nomme les ‘usagers’) devront signer une lettre de renonciation – bien que le contenu exact de cette lettre soit toujours inconnu. Et qui pourra obtenir une carte en versant une caution? Cela aussi reste à déterminer, et sur ce sujet il y avait lors de la réunion des affirmations contradictoires de la part du maire et du directeur-général. Ces incohérences sont des indications que la municipalité a agi sans bien comprendre ce que sa propre résolution impliquait.

Afin de justifier cette ‘politique’, la conseillère Farrugia a longuement cité la règlementation pour défendre la position que la baignade à partir d’une plage accessible au Québec ne peut être permise que pendant la période de surveillance. Peu importe que les législateurs du Québec n’exigent pas de clôtures autour des plages publiques, que celles-ci sont accessibles vingt-quatre heures sur vingt-quatre, et que les législateurs du Québec acceptent – implicitement du moins – que les gens se baignent en dehors des heures de baignade surveillée.

Une autre conseillère – Elizabeth Fee – a noté que cette résolution n’était qu’une première étape et que des améliorations y seraient apportées ultérieurement. Cela constitue, peut-être, quelque chose de positif, si cela se produit réellement; on peut espérer qu’une solution intelligente et raisonnable puisse encore se trouver. Des membres du public ont fait des propositions pour qu’il y ait un arbitrage exécutoire impliquant un organisme (l’Académie de sauvetage du Québec, par exemple) ou une personne (un avocat reconnu dans le domaine de la responsabilité civile, par exemple) sur lequel les deux parties s’entendraient. Le coût d’un tel arbitrage, tout comme le système de carte électronique lui-même, pourrait être couvert par des donations. Quant à la source des donations, dans le cas du système de carte électronique, le maire n’a voulu rien préciser à la réunion du 6 août. Il a simplement affirmé que l’argent avait été promis, et, en partie, déjà obtenu. Il serait certainement intéressant pour les contribuables de North Hatley de savoir qui subventionne cette mesure que nous impose le Conseil municipal.

Mais ces propositions d’arbitrage exécutoire semblent être tombées dans l’oreille de sourds. Il en va de même pour la demande de renseignements sur le coût de la gestion de la plage publique cet été, même avec des services très réduits, ainsi que pour la demande répétée que les membres du conseil municipal consultent ceux qui les ont élus. La réaction du maire a été  de nous comparer encore une fois – nous les résidents et non-résidents – à des enfants, cette fois-ci à des enfants qui, ayant perdu la clé de la boîte aux lettres, ne devraient plus y avoir accès. 

Si « tout est bien qui finit bien », tout n’est pas bien à North Hatley.

Paul St-Pierre

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One thought on “Une comédie d’erreurs”

  1. Imaginons un peu si la mise en place de leur carte magnétique est aussi improvisée, combien la mise en place et la gestion d’un projet de 200 condos au milieu d’un tout petit village et en zone inondable risque d’être catastrophique. Mais nous n’y sommes pas encore.

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