Les dindons de la farce

(English follows)

Où peut-on trouver un conseil municipal, une administration et un maire qui justifient leur politique en disant n’importe quoi – ce qui passe par la tête – empêchant la raison et la vérité de se manifester (ce pour quoi il devrait y avoir une responsabilité – politique sinon légale) et qui évoquent des anecdotes d’une enfance méditerranéenne et des visions de mômes abandonnés au bord du lac? La réponse, malheureusement pour nous tous, est North Hatley. Lorsque les conseillers et les administrateurs se préoccupent plus de limiter leur propre responsabilité légale personnelle que de ce qui inquiète la communauté, et quand rester impassible face à l’opposition de plus de cent résidants du village constitue une stratégie que les conseillers et le maire utilisent contre la communauté elle-même (le maire affirme que ceux qui s’opposent à sa politique sont comme des enfants piquant une crise dans une magasin de jouets, tout en affirmant qu’il ne fait que se servir d’une analogie!), alors le moment est venu pour que la plaisanterie cesse : Personne ne rit plus.

Il est clair maintenant que la négociation n’est plus possible; il était évident à la dernière séance du conseil municipal que les citoyens ne sont pas écoutés. Le maire répète à tue tête les mêmes refrains fatigués et erronés. La clôture a été mise en place à la plage pour des raisons de sécurité, maintient-il. Oui, c’est vrai, semble-t-il, mais pour assurer la sécurité des personnes déjà à la plage, et non pour y empêcher l’accès. Les portes de la plage sont ouvertes, dit le maire, oubliant ou omettant d’ajouter qu’elles sont verrouillées tous les matins et la plupart des mois de l’année, privant ainsi l’accès au lac à ceux qui n’ont pas le privilège ou le bonheur d’y posséder un terrain. Ce faisant, la municipalité impose et perpétue une forme de discrimination économique et dissuade activement de nouvelles familles – de nouveaux contribuables – de s’installer dans le village. Les finances de NHRS sont en désordre, le maire affirme, malgré un audit fédéral de routine il y a trois ans qui n’a rien trouvé d’irrégulier et malgré un nouveau système de comptabilité déjà en place pour l’avenir.

Le conseil, déclare le maire, est limité dans sa marge de manœuvre par l’avis juridique obtenu du cabinet d’avocats que la municipalité retient à commission. Mais comment cet avis cadre-t-il avec la jurisprudence et la doctrine existantes, qu’il ne cite pas, et comment contre-t-il les arguments de l’avis obtenu en 2016 et communiqué à l’administration de la municipalité? Mais bien sûr, ce nouvel avis ne pouvait pas les contrer, puisque, semble-t-il, l’avis de 2016 n’a jamais été diffusé par l’administration de la municipalité, ni par le maire – ni aux avocats, ni à tous les conseillers. Et pourquoi n’a-t-il pas été diffusé? Cela c’est encore une blague, tout comme le coût qu’a représenté l’obtention de ce nouvel avis juridique qui ignorait celui qui existait déjà. Et encore à la dernière réunion du village, le maire a cité la compagnie d’assurance dans sa tentative de justifier le verrouillage des portes à la plage. Mais en fait, la compagnie d’assurance n’a jamais fait une telle demande. Mais les faits ne semblent pas avoir beaucoup d’importance. Tout cela serait risible, si seulement les conséquences en étaient moins tristes!

Mais alors, quelles sont, en fin de compte, les possibilités de solution? Il semblerait, en gros, y en avoir trois: a) le Conseil commence à prendre au sérieux son rôle de     « représentation » et se mette à entendre – à « écouter » en fait, ce que la communauté lui dit; b) le Conseil continue dans la même voie, en cherchant à justifier à tout prix sa « politique » (et continue de compter, désespérément, les noyades dans les lacs du Québec); ou enfin c) les membres du Conseil et de l’administration municipale décident qu’ils ne peuvent plus continuer d’exercer les fonctions qu’ils ont choisies d’exercer et de suivre la politique qu’ils ont adoptée, face à l’opposition d’un nombre croissant de résidents. La première possibilité constituerait un changement souhaitable mais radical, et s’avère donc peu probable; la seconde ne constituerait aucun changement et perpétuerait le statu quo insoutenable; quant à la troisième, elle mettrait enfin fin à la blague.

– Paul St-Pierre

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