Mon village, North Hatley – P. G.

Mon village, North Hatley – Pacale Galipeau

D’autres vont trouver les mots sages, les mots posés, les mots balises, les mots qui vont aider à la difficile éclosion au monde de notre contrée de dinosaures ….

Mon attachement à ce village ne passe pas par ces mots mais par mes tripes…
Je suis vraiment née ici…pas sur le plan de la naissance biologique …..
mais sur le plan de l’enracinement, de l’attachement, des références …
sûr que ma génétique a fini par s’y mouler après 53 printemps…

Mes parents étaient des urbains en mal de campagne, trop souvent échoués chaque fin de semaine chez des amis, le graveur et grand poète Roland Giguère et sa Denise Marsan qui deviendra céramiste. Ils entendirent parler d’une ptite ferme sur la côte de l’Université…vite, allez voir…et nous vîmes, en plein hiver, au bout du ch’min, cette fabuleuse barque échouée, rien comme les villas imposantes du bord du lac, non, juste une barque aux bras grands ouverts, une grand‘ mère…

Je délire, c’était en 67, mais nous sommes nés ici à ce moment-là, et c’est pour çà que, chaque fois qu’on débarque de l’autoroute, chaque fois qu’on frôle les grands beux de la Boucherie de René et Richard, dépasse la route cachée vers l’île aux tortues, qu’on file vers la grand côte, prend ton élan, un dernier regard aux serres du punk apprivoisé et le camping de l’autr’bord, vite, on arrive au pays béni, au havre, à la maison, à Atlé comme disait le cher Marcel Rioux, un autre grand personnage d’la place, l’éveillé sociologue, avant qu’il ne file vers ses 3 Pistoles….

North Hatley, c’est là que nous sommes nés et c’est là que je veux vivre, même si ma maison est sur la frontière du Canton. NH c’est mon village centre, mon épicerie, ma bibliothèque, mon lac….

C’est là que je veux vivre pour enfin voir évoluer cette drôle de dynamique des « de souche » de touts acabits,  des estivants, des descendants des loyalistes comme des pires séparatistes…. c’est là que je veux vivre avec vous tous.

Pascale Galipeau